Rive-Gauche du Rhône à Lyon : la Part-Dieu à Travers les Âges

Maud ROY

 

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sous les  HOSPICES  CIVILS

Après la Révolution, la Part-Dieu garde sa vocation agricole en faveur du même organisme qui a changé de nom, devenant les Hospices Civils. Et à partir de 1820, les administrateurs décident de louer à des particuliers de manière globale la Part-Dieu et ses terres ainsi qu’ils le font pour les autres anciennes seigneuries. Avant chaque reprise de bail, une affiche était placardée afin de mettre au courant les éventuels intéressés.

Affiche placardée pour trouver des individus désireux de louer le domaine de la Part-Dieu et celui de la Tête-d’Or. Archives Municipales B 1905.

Plusieurs baux de trois, six ou neuf ans ont été trouvés dont un datant de 1844 où l’ancienne maison forte est louée à Messieurs Bonnet et Kahn.

Le domaine de la Part-Dieu loué par les Hospices-civils était composé de plusieurs éléments  :

«bâtiment d’habitation et d’exploitation ayant caves voûtées, greniers, écuries, fénils*, hangar grande court au milieu des constructions, four à cuire le pain, puits avec pompes, verchère* close de murs et jardin potager planté d’arbres fruitiers et de ceps de vigne de la contenance d’un hectare cinquante ares».

Cette description met l’accent sur le côté agricole de la Part-Dieu, car elle mentionne toutes les structures agricoles tandis que l’habitation, ou corps de logis principal, n’est que citée.


Quelques termes utilisés méritent des explications comme celui de fénil, il s’agit d’un local dévolu à la conservation du foin. Le terme de verchère signifie terre attenante, il s’agit certainement de l’ancien verger, puisqu’il est dit que cette verchère est close de murs.

Couverture d'un contrat de bail datant de 1844.

Cette location comprenait également plusieurs terres dont certaines faisaient partie de la donation de la dame de Mazenod.

Terrains faisant partie du contrat de location

type                                nom                                        superficie

Terre                    Batterie                             2 hectares

Terre                    Barrière                        1 hectare (portion)

Pré                        Lône                    96 ares (portion triangulaire)

Pré                        Cendres                96 ares (portion triangulaire)

Terre                    Bannière                            3 hectares

Terre                    Fleur de Lys            4 hectares 94 ares (portion)

Terre                    Longue                                48 ares

Terre                    Du Noir                    3 hectares 50 ares (portion)

Terre                    Du Noir                        85 ares (portion)

Terre         Champeys Comte et Lacroix        4 hectares 16 ares

Total                                                               21 hectares 85 ares

Les terrains de la Lône, des Cendres, de la Bannière, de Longue faisaient partie du don de 1725. Les prés de Lône et des Cendres sont mentionnés dans le tableau de la récapitulation de la donation sous le nom de trois prés. Les terres de la Batterie, de la Barrière et de Champeys Comte et Lacroix devaient appartenir à une ou plusieurs autres seigneuries qui restent inconnues. Tandis que la terre de Fleur de Lys faisait partie du terroir de la résidence du même nom, c’est le même cas pour les deux terres dites Du Noir qui dépendaient du terroir de la maison noble du Noir.

L’administration des Hospices Civils constituait des lots de terres à louer qui n’avaient rien à voir entre elles à l’origine. La superficie totale des terrains loués est plus importante que celle de la réserve de Catherine de Mazenod, 21 hectares pour 14 hectares. Il est à noter qu’aucun terrain faisant partie de la location n’est situé dans les Brotteaux.

Le bail était mis aux enchères à la bougie et le plus fort enchérisseur remportait le bail. En 1844, il n’y avait que deux enchérisseurs monsieur Bonnet et monsieur Milliat et c’est seulement après l’extinction de la quatrième bougie que monsieur Bonnet fut retenu avec une somme de 7025 francs de l’époque. Cet homme était un avocat lyonnais, il s’était associé avec monsieur Henri Kahn, rentier, pour la location de la Part-Dieu. Le bail signé par ces deux hommes avait une durée de neuf ans. Par la suite monsieur Kahn gagna de nouveau les enchères pour une durée de neuf années encore.

Pendant la durée du bail, les locataires faisaient ce que bon leur semblait dans la Part-Dieu et c’est ainsi que le fossé fut remblayé. C’est durant ce premier tiers du XIXe siècle que la digue, mise en place antérieurement, pour garantir la Part-Dieu des inondations du Rhône a été démolie causant de graves dommages aux cultures et aux denrées conservées dans les bâtiments agricoles. De sorte qu’une autre digue a été mise en place à la hâte pour lutter contre les débordements du fleuve, mais comme elle n’était pas assez élevée, les inondations ont perduré produisant une masse de courrier importante entre les locataires et les Hospices Civils.

Le vaste terroir va être peu à peu convoité par l’armée à partir du premier tiers du XIXe siècle.