Rive-Gauche du Rhône à Lyon : la Buire, Histoire en Continu
ⒸMaud ROY
Rive-Gauche du Rhône à Lyon : la Buire, Histoire en Continu
ⒸMaud ROY
ÉVOLUTION de la BUIRE sous les MONCONIS
Reconstitution de la Buire avant 1640 (Maud Roy)
Lorsque les Monconis acquièrent la Buyère, elle présente à peu près l’aspect général qu’on lui connaît, une résidence en forme de –U-, avec l’ajout de bâtiments agricoles. Mais des éléments d’architecture sont notoirement différents surtout sur sa façade ouest, comme les baies qui étaient à croisées. Les Monconis habitent rarement la maison forte et, pendant près de 60 ans, elle reste un peu en désuétude à tel point qu’en 1640 Gaspard de Monconis prend la décision de faire de grands travaux.
La Buire a, entre autre, plusieurs carreaux de fenêtres cassés et des planchers dégradés. Pour cela il va chez deux artisans, un maître-charpentier et un maître-maçon. Les travaux sont engagés au printemps. Gaspard de Monconis demande de réaliser des plafonds à la française et de déplacer d’autres plafonds qui ont été mis en place récemment. Au maître-maçon, il demande de boucher les trous dus à la pose des planchers, d’abaisser les fenêtres et de créer des portes de séparations entre les pièces.
On comprend à la lecture des documents que tous les étages supérieurs de la Buire sont abaissés. C’est un peu avant cette époque que la galerie a été détruite, elle ne pouvait subsister en raison de ces restructurations. Ces travaux sont considérables et traduisent le goût de la modernité et des nouvelles tendances de la part de Gaspard de Monconis. Il y a ainsi les fenêtres qui ne portent plus de croisées et qui sont munies chacune d’un garde-corps ajouré. C’est donc bien cet homme érudit, aimant les belles choses et le progrès qui a, en quelque sorte, donné l’aspect de la Buire telle qu’elle est aujourd’hui.
nouveau plafond à la française
Un rare document permet d’apprécier l’aspect agricole de la maison forte. Il s’agit d’un grangeage daté de 1639 établi avec deux fermiers, le père et le fils Garin. Il apparaît que de nombreux bâtiments secondaires étaient dévolus à l’agriculture et à l’élevage.
“…et grange dudit sieur de Lyergues appellée la Buyre scize les lieu de la Guillottiere consistant en maison d’habitation grange feniere grenier establiers jardin vergier prés terres labourables brotteaux et autres propriettés ainsy que le tout se contenu et comporte…”
Outre des terres, des vignes, des brotteaux et de nombreux arbres fruitiers, la Buire comptait un jardin d’agrément et des mûriers pour nourrir des vers à soie.
Gaspard de Monconis possédait une espèce de volatile encore très rare en 1639, il s’agit d’un couple de Poule d’Inde autre nom pour les Dindons. A cette époque, c’était des oiseaux très rares et assez exotiques.
Un élément très intéressant est mentionné dans un texte, il s’agit des vestiges de fortifications aux limites du territoire de la Buire.
“…que le bestail ne les en dommages detout leur pouvoir et l’hors qu’il y aura quelques en passage aux terreaux & fossés dudit tenement faict par le bestail ou passage des personnes seront tenus lesdits grangiers les resparer et pelleter à leurs fraix et tenir les hayes bien closesmesmes de les pres …”
Ce texte signifie que fossés et murailles de terre cernaient la seigneurie, mais que celles-ci étaient constituées en bois.
Ce type de fortification se compose d’une élévation de terre surmontée par des pieux de bois, c’est le creusement des fossés qui permet de disposer d’une élévation plus ou moins haute selon la profondeur des fossés. En 1639, les pieux ne sont pas mentionnés de sorte qu’on ne sait pas s’ils existaient encore, mais cette fortification simple permet d’attester un rôle défensif de la part des détenteurs qui savaient protéger leurs biens. Gaspard de Monconis souhaite garder en bon état ce dispositif afin d’en perpétuer le service et le symbole. Outre l’usage défensif, cette surélévation permettait de se protéger des inondations du Rhône qui étaient très courantes.
Gaspard de Monconis décède en 1660 et fait hériter son frère Balthazard qui lui-même fait hériter son fils Gaspard.
Celui-ci décède en 1682 et fait hériter sa nièce et son mari, le sieur Guérin, qui gardent la Buire quelques années.